Chapitre XI

Ligotée à son poteau, face au brasier jetant sur toutes choses sa lumière sanglante, Leni Hetzel avait atteint au comble de l’horreur. Les Hommes-Léopards tournaient devant elle en brandissant leurs griffes de fer et leurs épieux, mais ce n’était pas eux qu’elle regardait. Elle avait de la peine à détourner les yeux du corps affaissé de Brownsky que le lourd épieu, planté dans sa poitrine, semblait attirer vers le sol en distendant lentement les liens qui le retenaient encore. Bientôt ce serait son tour et rien, semblait-il, ne devait venir désormais l’arracher à l’échéance fatale. Elle payait à présent sa témérité, et son regret de ne pas avoir écouté les conseils d’Allan Wood touchait au désespoir.

Près d’elle, Peter Bald avait fermé les yeux. Il savait que, quand les tam-tams s’arrêteraient de battre, il serait inexorablement exécuté. Déjà, il croyait sentir la pointe de l’épieu briser ses os, fouiller sa chair. Cette idée lui fut intolérable. Il ouvrit les yeux et se mit à hurler, dominant le bruit des tambours :

— Allez-y ! Mais allez-y donc !… Tuez-moi !… Qu’on en finisse !…

Un Homme-Léopard s’approcha de lui. C’était une sorte de géant dont la peau de fauve révélait en partie la prodigieuse musculature. Il n’avait ni griffes, ni épieu mais, dans son poing droit, il serrait un long poignard à la lame brillante. Il était tout contre l’aventurier à présent et, sur son visage sombre, marqué de lignes blanches, un étrange rictus se dessinait. Brusquement, le poignard descendit et, déjà, Bald croyait le sentir pénétrer dans sa poitrine quand, soudain, les liens enserrant son buste se relâchèrent, tranchés par la lame. En même temps, l’Homme-Léopard disait en anglais :

— Pas bouger… Attendre…

Il passa devant miss Hetzel et, en s’approchant d’elle, répéta la même mimique de grimaces et de gestes menaçants. Le couteau s’abaissa et Leni sentait elle aussi que ses liens, tranchés, se relâchaient à leur tour. Et la voix de l’Homme-Léopard dit à nouveau :

— Pas bouger… Attendre…

La jeune fille crut alors reconnaître ce géant noir aux muscles de lutteur, elle crut reconnaître ce visage sous les marbrures blanches qui le recouvraient.

— M’Booli, murmura-t-elle.

Mais déjà le Noir s’éloignait en dansant vers le brasier pour rejoindre les autres Hommes-Léopards. C’est à ce moment que les tam-tams s’arrêtèrent de battre, marquant l’heure fatale pour Peter Bald. Cette heure fatale ne devait cependant pas venir. Là-bas, sur la gauche, un ordre avait éclaté, en anglais :

— Soldat ! En joue… Feu !…

Presque aussitôt, il se répéta sur la droite. Alors, de brèves salves de mousqueterie éclatèrent, jetant la panique parmi les Bakubis qui, croyant sans doute à un raid de représailles des troupes du Colonial Office, se mirent à fuir vers les cases. Mais ils n’eurent pas le loisir de les atteindre car, sur toute la périphérie de la place, les toits de chaume s’étaient embrasés et flambaient telles de gigantesques torches. Profitant de l’affolement des Bakubis, M’Booli s’était précipité vers miss Hetzel et Peter Bald et, en quelques coups de son couteau, les avait libérés de leurs derniers liens. Il se dépouilla de sa peau de léopard et, du geste, désigna la forêt proche.

— Vite, dit-il.

En quelques bonds, ils atteignirent tous trois le couvert des arbres. Allan Wood se dressa devant eux et tendit un revolver et une carabine à Peter Bald et à miss Hetzel.

— Embusquez-vous dans les buissons, dit-il. Si les Hommes-Léopards font mine de se diriger de ce côté, n’hésitez pas à ouvrir le feu sur eux…

M’Booli s’était emparé du fusil de chasse et s’était accroupi à l’abri d’un arbre.

— Qu’attendons-nous ? interrogea Peter Bald. Pourquoi demeurons-nous ici ? Vous n’espérez quand même pas réussir à tuer tous les Bakubis…

Al secoua la tête.

— Non, dit-il, tel n’est pas mon dessein… Nous attendons quelqu’un, tout simplement…

À présent, le village tout entier brûlait et l’affolement des Bakubis atteignit à son comble.

— Tirons quelques coups de feu au-dessus de leurs têtes pour ne pas leur laisser le temps de se reprendre, dit encore Allan Wood. Mais seulement quelques coups. Nous devons économiser nos munitions…

Tour à tour, les trois hommes et la jeune fille déchargèrent leurs armes. Quelques secondes plus tard, une silhouette humaine se dressait à leur droite. Il avait les vêtements et les cheveux roussis par les flammes et, dans son poing droit, il tenait un revolver. Longuement, il contempla les cases qui flambaient en crépitant. Il eut un triste sourire.

— Si, un jour, on m’avait affirmé que je deviendrais incendiaire… fit-il. Mais, de toute façon, nous n’avions guère le choix… Filons maintenant. Plus rien ne nous retient ici…

Comme Morane achevait de prononcer ces paroles, une demi-douzaine d’Hommes-Léopards, s’étant ressaisis, se dirigèrent vers les trois poteaux où, seul, le corps inerte de Brownsky demeurait entravé. Quand ils s’aperçurent de la disparition des deux prisonniers survivants, ils se mirent à pousser de grands cris. Déjà, Peter Bald s’apprêtait à faire feu dans leur direction, mais Allan l’en empêcha.

— Non, dit-il. Il serait dangereux à présent de leur indiquer notre position. Décampons sans retard. Nous allons contourner le village et tenter de regagner la Sangrâh par la sente tracée. Avec un peu de chance, nous pourrons peut-être encore prendre une sérieuse avance et gagner l’autre côté du fleuve avant que les Hommes-Léopards n’aient atteint cette rive…

Déjà, les quatre hommes et la jeune fille fuyaient entre les arbres tandis que, du village, une grande clameur de colère montait. Soudain, Morane, qui avançait en tête, s’arrêta.

— Les Hommes-Léopards seront sans doute plus prompts à se remettre de leur surprise que nous ne le supposons, fit-il remarquer, et ils se lanceront immanquablement à notre poursuite en direction de la Sangrâh. Comme ils connaissent parfaitement la région, ils peuvent nous rejoindre avant que nous n’ayons nous-mêmes atteint la rive du fleuve. À mon avis, nous ne pouvons courir ce risque, car nous ne sommes pas assez nombreux pour pouvoir nous défendre efficacement…

— Que proposes-tu ? interrogea Wood.

Bob tendit le bras en direction du nord.

— Nous allons partir dans cette direction, dit-il. Plus tard, nous amorcerons une courbe pour rejoindre la Sangrâh plus en aval.

Pendant quelques instants, Wood parut peser le pour et le contre.

— Cette proposition me paraît sage, fit-il enfin. De toute façon, si les Aniotos retrouvent notre piste, nous aurons pris une sérieuse avance sur eux…

Sans ajouter une seule parole, les cinq fuyards, arme au poing, s’écartèrent délibérément du village bakubi, pour marcher en direction du nord…

 

*
* *

 

Durant toute la nuit, Morane et ses compagnons avaient fui à travers la jungle. Vite, la forêt tropicale avait fait place à une savane boisée et ils avaient pu progresser plus aisément, éclairés par la lumière de la lune. Au fur et à mesure que la grande lueur du village en flammes semblait reculer dans le lointain, il leur semblait retrouver davantage de sécurité.

À présent, l’aube rosissait l’horizon et, les Hommes-Léopards ne s’étant guère encore manifestés, Morane jugea que l’on pouvait amorcer le mouvement en direction de la Sangrâh. Pourtant, Allan Wood semblait inquiet. Il trouvait étrange que les Hommes-Léopards ne se soient pas encore lancés sur leur piste.

— Il nous faut faire vite, dit-il, si nous voulons atteindre la Sangrâh avant d’être repérés. Peut-être d’ailleurs les Aniotos nous attendent-ils là-bas, persuadés que nous allons tenter de rejoindre le fleuve…

Les membres de la petite troupe s’étaient arrêtés, saisis par l’indécision.

— Nous ne pouvons cependant pas continuer à avancer vers le nord, fit remarquer Bob. Il n’est plus question à présent de retrouver la Vallée des Brontosaures, mais de sauver nos vies…

À ce moment, Peter Bald intervint.

— Je ne vois rien qui vous autorise à prendre des décisions, dit-il à l’adresse de Morane. Nous avons tous notre mot à dire et, en continuant vers le nord, nous nous éloignons des Hommes-Léopards… cela seul compte…

Le visage de Morane se durcit soudain. Leni Hetzel l’avait mis au courant, ainsi que Wood, des desseins de l’aventurier, et il comprenait que son désir de poursuivre en direction du nord, en direction de la Vallée des Brontosaures donc, était dicté par sa seule cupidité.

— Non, Monsieur Bald, répondit-il, votre avis ne compte pas. Nous vous avons sauvé la vie en même temps que celle de miss Hetzel, et estimez-vous heureux de ne pas avoir partagé le sort de Brownsky, votre complice… Nous avons décidé de regagner la Sangrâh, et vous nous accompagnerez…

La fureur brilla dans les yeux de Peter Bald, et il porta la main au revolver suspendu à sa ceinture. Il n’eut cependant pas le temps de le tirer de l’étui, car le poing de Morane le frappa durement à la mâchoire et il s’écroula sur le dos, étourdi. Quand il reprit ses esprits, Allan Wood braquait sa carabine sur sa poitrine.

— J’espère, Bald, fit le chasseur d’une voix sèche, que vous avez entendu ce que vient de vous dire Bob. Au moindre geste hostile de votre part, je n’hésiterai pas à vous abattre comme…

Wood n’acheva pas. Il poussa un cri de douleur et porta la main à son épaule droite, où une flèche venait de se ficher. Aussitôt, M’Booli s’approcha de lui et, d’une brève secousse, arracha la flèche de la plaie.

— Ça, flèche de chasse bakubi, dit-il.

Surmontant sa douleur, Wood serra les dents.

— Si ce ou ces chasseurs réussissent à regagner leur village, dit-il, ils signaleront notre présence, et la route de la Sangrâh nous sera coupée. Il faut les empêcher de fuir, vous m’entendez…

Déjà, Morane et M’Booli se jetaient à travers la jungle pour tenter de découvrir le ou les mystérieux agresseurs et leur interdire toute retraite. Mais ceux-ci ne les avaient guère attendus et, au bout d’une demi-heure, les deux hommes se virent forcés de renoncer aux recherches. Le premier, Morane se retrouva auprès de Wood, miss Hetzel et Peter Bald. Il eut un geste d’impuissance.

— Rien à faire, dit-il. Le ou les chasseurs se sont volatilisés aussitôt leur coup fait, et allez retrouver des Noirs habitués à la jungle depuis leur plus tendre enfance…

Ce fut au tour de M’Booli de reparaître.

— Un seul chasseur bakubi, expliqua-t-il. M’Booli a relevé sa trace. Lui courir très vite et avoir grande avance. Parti en direction du village…

Allan Wood eut une grimace dans laquelle la douleur et la déception passaient à la fois.

— Le mal est fait à présent, dit-il. Avant longtemps, nous aurons toute la tribu des Bakubis à nos trousses et, si les Hommes-Léopards nous rejoignent, je ne donne pas cher de notre peau…

Aidé par miss Hetzel, Morane s’était mis en devoir de panser la blessure de son ami.

— Si nous retournons vers la Sangrâh, fit Bob au bout d’un moment, nous risquons fort de nous précipiter à la rencontre des Bakubis et nous sommes loin d’être en nombre suffisant pour courir le risque d’une bataille rangée. Nos projets sont donc à réviser. Au lieu de tenter de regagner la rivière, nous devons continuer à marcher vers le nord…

— Vers le nord ! s’exclama Leni Hetzel. Mais c’est nous avancer plus avant dans la jungle, nous éloigner toujours davantage de Walobo !…

— Je crois que Bob a raison, intervint Wood. Ce qui, pour le moment, compte avant tout, c’est mettre le plus de distance possible entre nous et les Hommes-Léopards. Très loin, au nord, il existe des établissements civilisés, et nous finirons bien par arriver quelque part. Évidemment, nous aurons un bon bout de chemin à faire mais, après tout, nous n’avons guère le choix…

Son pansement terminé, le chasseur se redressa et tenta de lever le bras, mais il ne put réprimer qu’à grand-peine un cri de douleur.

— Croyez-vous pouvoir marcher ? interrogea miss Hetzel, qui ne cessait de montrer une sollicitude toujours plus grande vis-à-vis du blessé. Wood s’efforça de sourire.

— Marcher, oui, mais je me sentirais bien incapable de tenir un fusil. Heureusement, je tire assez bien au revolver de la main gauche. Mais nous n’avons déjà que trop perdu de temps. Il nous faut nous mettre en route. Quand les Bakubis sauront quelle direction nous avons prise, ils se lanceront aussitôt à notre poursuite, et ils peuvent courir durant des heures, à une allure soutenue, sans jamais marquer de défaillance. Ou je me trompe fort ou, avant longtemps, notre avance sera réduite à zéro…

 

*
* *

 

Vers le soir, les prévisions d’Allan Wood se réalisèrent. Juché sur une petite éminence, Morane avait, à l’aide de la jumelle miniature mais de grande puissance de son ami, aperçu des silhouettes humaines très loin sur la plaine. Quand il eut rapporté la nouvelle à ses compagnons, la consternation régna sur la petite troupe.

— Dans une heure ou deux d’ici, constata Wood, les Hommes-Léopards nous auront rejoints et, alors, je ne donnerai pas cher de notre peau…

— Il faut faire quelque chose, dit miss Hetzel, se souvenant sans doute des longues minutes de terreur passées la veille, attachée au poteau de torture, à attendre le coup d’épieu fatal.

Peter Bald se mit à ricaner.

— Bien sûr, il faut faire quelque chose, dit-il d’une voix mauvaise. Mais quoi ? Nous flanquer une balle dans la peau pour que les Hommes-Léopards ne nous prennent pas vivants ?…

Le forban se tourna vers Morane.

— Allez-y… Puisque vous voulez à tout prix commander, trouvez le moyen de nous sortir d’ici. À moins que votre ami, Allan Wood, le-chasseur-blanc-sans-peur-et-sans-reproches, n’ait lui aussi une idée géniale…

Comme l’instant n’était pas aux vaines querelles, Morane et Wood firent mine d’ignorer les remarques de Peter Bald. Au bout d’un moment, Bob, qui humait le vent à la façon d’un chien de chasse, se mit à sourire.

— Peut-être serait-il possible de donner à réfléchir aux Bakubis, fit-il. Le vent souffle dans leur direction, et nous avons ceci…

Il tira de sa poche le briquet de Wood, qu’il avait conservé, puis il arracha deux poignées d’herbes sèches qu’il tordit très serrées pour en faire des torches. Il alluma l’une d’entre elles et la tendit à M’Booli en lui désignant la direction de l’est. M’Booli se mit à courir, s’arrêtant parfois, puis repartant et, après chaque départ, un point de flammes marquait l’endroit où il s’était arrêté. De son côté, Morane avait allumé la seconde torche, pour s’éloigner en direction de l’ouest…

Quand les deux hommes revinrent auprès de leurs compagnons, la jungle flambait sur une largeur de deux kilomètres et, rapidement, attisé par le vent, le feu s’étendait, jusqu’à devenir un gigantesque brasier dont les vagues de flammes roulaient et s’enchevêtraient comme celles d’un océan en fureur…

— Cela nous donnera un peu de répit, dit Morane en élevant la voix pour dominer les crépitements du brasier. Les Hommes-Léopards devront contourner l’incendie s’ils veulent à tout prix nous rejoindre. D’ici là, nous serons loin…

Mais, en lui-même, il songeait : « Et si le vent tourne, nous serons tous grillés… » Il haussa les épaules et dit encore :

— Nous allons marcher durant la moitié de la nuit. Alors, nous nous reposerons un peu. Demain, si le vent n’a pas tourné, nous allumerons un nouveau feu de brousse et continuerons à avancer vers le nord. Comme Al l’a dit tout à l’heure, nous finirons bien par arriver quelque part…

À nouveau, il pensait en lui-même : « Bien sûr, nous finirons par arriver quelque part. On finit toujours par arriver quelque part, mais pas toujours exactement à l’endroit choisi… »

La Vallée des Brontosaures
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